Je t’expliquais hier comment la question de l’intelligence des émotions et surtout de l’éducation aux émotions m’est venue. Comment dans différentes situations personnelles et professionnelles elle est intervenue dans ma vie. Parce qu’elle me manquait, parce que je maîtrisais certaines émotions mais pas d’autres, parce que j’ai constaté que de nombreux conflits étaient des conflits non pas intellectuels ou d’intérêt mais bien des conflits émotionnels.
J’ai donc eu la joie de recevoir des éditions L’Autrement dit les deux roues des émotions.
La roue enfant se présente sur trois disques :
_ une roue avec des dessins et des couleurs pour symboliser les humeurs selon l’analogie de la météo,
_ une roue pour nommer l’émotion,
_ une roue pour savoir de quoi on a besoin, arriver à identifier et choisir et ainsi être capable de demander clairement ce dont on a besoin.
La roue adulte fonctionne exactement de la même façon, mais la météo a été remplacée par des symptômes physiques comme » mal de tête » ou » plein le dos » qui expriment clairement une somatisation émotionnelle. Le deuxième disque comporte plus d’émotions avec plus de nuances. Le disque des besoins est lui aussi plus fourni et plus nuancé.
La roue enfant peut être utilisée par n’importe quel enfant avec un adulte, dès 3 ans, dirais-je. La roue adulte peut être utilisée dès l’adolescence.
Ces roues sont un outil de dialogue avant tout, qui permet de répondre aux besoins de l’enfant et de travailler sur l’empathie. On peut échanger sur ses émotions à lui, mais également mutuellement.
Par exemple, dans une situation de conflit, tous les protagonistes peuvent utiliser la roue chacun leur tour et ainsi chacun peut se mettre à la place les uns des autres, sachant ce que les autres ressentent. On ne focalise plus sur ses émotions.
Dans un cas de conflit parent-enfant, cela peut permettre à l’enfant de nommer ce qu’il ressent mais aussi au parent d’être mieux compris dans ce qu’il ressent également et dans se attentes. Non, nous ne sommes pas des tyrans avides de pouvoir, nous avons également besoin d’être à l’heure pour le travail, de vivre dans une maison sereine et calme etc. Quand l’enfant fait quelque chose qui nous met en colère on peut dialoguer sur notre colère à nous.
La roue peut également servir quand on reçoit un enfant à l’infirmerie ou après un accident. On peut alors le laisser s’exprimer sur ce qu’il ressent. Un enfant en état de choc ne fait que pleurer ou reste prostré. La roue peut lui permettre de dire sans parole.
Dans le cas d’un enfant ayant des troubles du langage, ou autiste, la roue est un merveilleux médiateur. Dans le cas de l’autisme, l’enfant ne perçoit ni ses émotions ni celles des autres ( ou très peu). La roue permet de leur attribuer dans un premier temps une couleur dominante puis de les nommer clairement par un adjectif. On peut ensuite mieux cerner les besoins de l’enfant mais aussi de ses proches. Il peut comprendre ce qui fait de la peine à l’autre mais aussi que ce qu’il ressent s’appelle « colère »ou « déception ». C’est un premier pas vers la conscientisation des émotions qui vont lui permettre d’améliorer ses relations sociales.
Par ailleurs, cette roue peut être un outil pédagogique en français et en théâtre. De nombreux élèves ne savent pas identifier et nommer une émotion. Or, dès le collège, c’est absolument nécessaire pour identifier ensuite le registre dominant d’un texte littéraire. La colère est liée au registre polémique, la tristesse et le désespoir au registre tragique etc. Quant aux apprentis comédiens, ils ne savent souvent qu’identifier les 4 émotions dominantes. J’ai droit à la colère, la joie, la tristesse et la peur. De temps en temps la moquerie apparaît ( forme de recul émotionnel) et voilà. Ces roues me permettent d’aborder les émotions avec plus de nuances. J’ai commencé l’approche des émotions avec le travail de Daniel Goleman et Robert Plutchik qui m’a permis de bien faire comprendre les familles d’émotions, leurs liens, les degrés d’intensité existants. Je pense désormais utiliser la roue pour déterminer avant le jeu l’état d’esprit du personnage. Nous faisons également beaucoup d’exercices hors contexte pour extraire une émotion, l’individualiser et conscientiser. La roue me semble être un outil de transition entre les deux approches, hors contexte et en contexte.
Enfin, je suis en plein bricolage pour créer une autre roue, spécifique à l’apprentissage des registres. Je te dis donc à très bientôt pour te présenter ce travail personnel !
En attendant tu peux acheter ces superbes roues sur le site de L’autrement dit, qui propose également des stages de parentalité, des fiches d’accompagnement aux parents et de nombreux outils pour les pédagogues et les parents. Ils sont formidables et leurs démarches, pleine d’enthousiasme et sans pédanterie ni culpabilisation est à saluer. Bravo à eux !
Tu trouveras deux vidéos sur ma page facebook concernant la roue des émotions ! Mes deux filles en font usage, tu verras, ce qu’elle disent est très intéressant. Je fais en sorte d’être très vague dans ma façon d’aborder la roue pour qu’elles formulent à leur façon. Tu pourras deviner qui est la plus kinesthésique de la famille.